d'Audrey Alwett, aux éditions ActuSF
Résumé
« À Katharz, ville-prison dans laquelle sont expédiés les criminels, le meurtre est légal et même récompensé. Ténia Harsnik, la dirigeante, y règne par la terreur et aime jouer de la guillotine. Non qu'elle soit cruelle, mais il lui faut coûte que coûte maintenir le nombre d'habitants sous le seuil des cent mille âmes. Le dépasser conduirait hélas à la fin du monde, et ça serait désagréable.
Bien entendu, les enjeux sont secrets. Bien entendu, le marchand de sortilèges Sinus Maverick prépare un coup d'État infaillible. Bien entendu, le Prince Alastor a planifié de raser la ville avec sa trop nombreuse armée. Bien entendu, Dame Carasse, la seule sorcière capable d'affronter ce chaos, vient de ficher le camp. Bien entendu... »
L'histoire
Cette histoire, c’est avant tout celle de la ville de Katharz. Une ville déchet pour ainsi dire. C’est là-bas que tous les criminels du royaume sont envoyés une fois attrapés. Impossible d’en sortir, c’est une prison où tout est permis : le meurtre, le viol, le vol… Mais pas la torture ! Chacun peut être un criminel libre et salué en fonction de l'atrocité commise. La tyranne, Ténia, n’est pas en reste. Elle s’amuse à distribuer des peines de morts selon son humeur et à condamner qui elle veut. Tout cela dans le but de ne jamais dépasser le nombre de cent mille âmes à Katharz. Si cela se produit, le démon qui sommeille sous terre se réveillera pour réduire le monde en cendres, dans une folie purement destructrice. Et le chiffre augmente dangereusement, la catastrophe est proche...
Mais bien évidemment, cette information cruciale est un secret. Et pendant qu’elle essaie de maintenant l’ordre de la criminalité, des complots se forment par le jeune prince Alastor, marionnette spéciale du sénateur Mâton, pour envahir la ville avec une armée à faire exploser le compteur.
Mon avis
Il est vrai que la couverture ne donne pas forcément l’élan de regarder la quatrième de couverture ou bien d’ouvrir le livre. Et pourtant… Le contenu en vaut tellement le détour. Une de mes histoires préférées de fantasy jusqu’à présent.
Malgré l’enjeu catastrophique du récit, c’est une histoire délirante à faire plier en deux de rire. Le ton de l’autrice n’est ni trop dramatique ni trop fantasque mais parfaitement ajusté comme il doit être pour traiter cette épopée, avec des majuscules onomatopées qui recréent de façon très réaliste toutes les situations.
Les personnages sont touchants et originaux et je n’en avais jamais rencontré de tels. Bien sûr, on trouve toujours des idiots à manipuler mais leur stupidité fait sourire, très souvent rire, car l'autrice s'en moque et joue avec. Leurs personnalités à chacun semblent se répondre et se compléter comme Dame Carasse, une vieille magicienne dépitée par ses apprentis mourant à la chaîne qui rêve de prendre sa retraite mais qui ne peut abandonner sa tyranne, et son nouvel apprenti magicien, Azarel, un peu maladroit et complètement naïf. Une vraie perle de loyauté maladive. Puis il y a Ténia qui campe son rôle de meurtrière sans regret et sans complexe, un peu désabusée du monde et de tous ceux qui veulent la tuer, mais qui est fatiguée de la menace démoniaque permanente sur sa vie et son esprit. Ce sont des personnages qui ont tous de grandes faiblesses qui les rendent plus grands et plus humains.
Et le style d’Audrey Alwett est bien trop prenant, fluide et addictif. Elle nous embarque dans son histoire dès les premiers mots d’un habile coup de plume sans trop en faire, toujours dans la retenue mais avec un humour transcendant et un lexique riche. Si vous voyez son nom quelque part, lancez-vous les yeux fermés. C’est plus qu’une valeur sûre, c’est une évidence littéraire.
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