Résumé
« Depuis des siècles, les humains traitent les fées, dont ils redoutent les pouvoirs, comme des animaux dangereux. Lorsque la princesse Yuri reçoit une lettre de son père lui enjoignant de quitter le Japon pour le rejoindre, elle s'empresse d'obéir. Mais à son arrivée, elle découvre avec stupeur qu'elle a été promise à l'héritier du trône de France ! Dès lors, sa vie semble toute tracée... jusqu'à ce qu'une femme lui propose un choix : rester et devenir ce que la société attend d'elle ou partir avec cette seule promesse : « on vous trouvera, et on vous aidera. » Et si ce « on » était la dernière personne que Yuri pouvait imaginer ? »
L’histoire
Dans cet univers fantastique, les fées sont méprisées, vues comme des animaux et rabaissées à la première occasion par les humains parce qu’ils sont effrayés par leurs pouvoirs magiques. Notre histoire suit la princesse japonaise Yuri promise par son père à un grand destin tout tracé : devenir reine de France en épousant le prince Louis-Philippe. Mais on lui propose alors un choix : accepter sa destinée ou abandonner tout ce qu’elle connaît et partir vers des personnes qui sauront l’aider.
Mon avis
Il est de ces livres qui touchent le cœur, tourmentent l’âme et bouleversent l’esprit. Je pourrai vous parler pendant des heures d’à quel point j’ai adoré chacun des personnages : Taliesìn, Oak, Haruko, Ren, Camille-Agnès, Manon, Samuel, Pyro… À quel point ils étaient merveilleux dans toutes leur fragilité, leur force et leur volonté. Surtout dans leur liberté. Car elle est totale. Par-dessus tout, j’ai adoré vivre cette aventure à travers les yeux de Yuri. Princesse japonaise sûre d’elle, fière d’être noble, persuadée d’avoir le choix, que tout lui ait dû, d’être au-dessus de tous, surtout au-dessus de ces fées, animaux à peine dotés d’intelligence, bien campée dans son éducation et ses principes. Jusqu’au jour où elle se retrouve catapulter à l’antipode de son monde. Dans un monde remplit de fées vivant en harmonie avec les humains. Sans distinction de race, de sexe, d’âge, d’origine... D’être. L’humanité prend une tout autre tournure pour notre jeune aristocrate.
Et Morgan a su déployer sa prise de conscience tout en la maintenant dans son éducation sans pour autant la rendre agaçante. C’est une des raisons pour laquelle j’aime ce roman. La construction des personnages. Yuri ne change pas du jour au lendemain, même si elle a toujours eu cette étincelle au fond d’elle qui lui fait prendre le choix décisif d’être maîtresse de son destin, vingt années d’éducation stricte sur la façon dont doit se comporter une dame de la cour ne s’efface pas en un claquement de doigt. Et les petits commentaires que se permet Yuri face à certaines situations que l’on pourrait qualifier de « normales » sont parfois très comiques. Et puis à côté, il y a Bran… Douce et féroce à la fois, à l’image de la mer, une fée qui aime dans son intégralité. Qu’on aime dans son intégralité.
J’ai ri face à ces mots, face au fossé qui existe entre le peuple et l’aristocratie que l’autrice a su exploiter avec humour mais j’ai surtout pleuré et sangloté. L’autrice a su mettre en place un scénario explosif dont on voit la mèche s’allumer. Tel l’océan qui gronde avant le tsunami. J’appréhendai de le terminer parce que je sentais cette tension montée plus les pages défilaient, et pourtant, je les avalai sans pouvoir m’arrêter. Parce que j’avais ce besoin de savoir. Le tout saupoudré d’un style d’écriture recherché comme on en croise peu avec un soupçon de poésie. J’ai appris quelques mots lors de cette lecture.
Des messages importants
L’autrice a su également passer des messages forts féministes et anti-racisme à travers un univers magique, un idéal de vie, un idéal d’humanité. Où chacun est libre d’aimer, de penser, de parler. De vivre. Une femme peut se battre, peut s’exprimer sans être jugée, peut se promener à moitié vêtue si cela lui chante sans que personne n’ait un regard de travers. Cela ressemble à une utopie et pourtant, cela sonne si juste. Les femmes sont respectées comme des êtres humains, les fées, qui sont des parias, moins considérés que des animaux dans ce Paris-là, incarnent les minorités de notre réalité, sont écoutées et respectées tout autant. Et pourtant, à travers Yuri, ils étaient d’abord une race inférieure pour devenir plus que des égaux. Des amis.
Le petit plus
Une dernière note pour terminer cet avis sur les petits placements de mots japonais que j’ai adoré trouver – et comprendre ! – au détour d’une phrase ce qui rendait le récit encore plus criant de vérité et de justesse pour montrer les différences entre la culture française et japonaise.
En bref, une très belle réussite et un coup de cœur magistral. Foncez, c’est tout.
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